Le Pendentif Oméga

Nous regardions tous l’arme d’Obsédianne et le pendentif qui y était accroché. Personne n’osait s’en approcher.
- Pourquoi avez-vous fait ça ? protesta Zû.
Il tenait la tête d’Holda. La démone semblait aller bien, elle aurait juste bosse sur le bas du crâne.
- Répondez ! exigea-t-il.
- Désolé, dit Obsédianne en se tournant vers lui. Il le fallait.
- Mais pourquoi ? Et d’abord qu’est-ce que c’est ?
- Mon boomerang, répondit Obsédianne. Recouvert de vif-argent.
- Et ça c’est l’objet que nous sommes venus chercher, dit Rükhaas en désignant le pendentif.
Zû s’avança pour mieux voir. Le pendentif était aussi recouvert de vif-argent. Il fit un autre pas en avant mais Rükhaas l’arrêta. Il lui fit non de la tête.
- Qu’est-ce que c’est que ce mystère ? demanda Zû.
- C’est un objet maudit, répondis-je. On ne peut pas s’en emparer, même avec un bâton.
Zû ne comprenait pas. Il avait bien saisi pourquoi nous ne pouvions pas prendre le pendentif, il avait étudié les objets maudits, mais il voulait savoir pourquoi nous l’avions sorti de la rivière. Et aussi pourquoi nous avions assommé Holda.
- Je pourrais le faire léviter avec mon mana, dis-je.
- Non, fit Obsédianne. Tu serais maudit.
Nous étions dans une impasse. Rükhaas s’impatientait.
- Pourquoi était-il ici ? demanda soudain Zû.
Il réfléchissait avec nous. Il avait complètement oublié Holda.
- Le vif-argent bloquent le mana mais utilisé dans un pentacle son effet est renforcé, dit-il. Or vous l’avez sorti de la rivière et nous ne ressentons toujours pas son énergie.
Je regardai le pendentif. Il était recouvert d’une fine couche de vif-argent. Comme le boomerang d’Obsédianne. Et je ne le sentais pas non plus.
- Je sais ! m’écriai-je.
Tout le monde se tourna vers moi. Je plongeai ma main dans la rivière et je saisis le pendentif. Il était inerte. Le vif-argent me protégeait.
- Génial ! s’exclama Rükhaas.
- Comment as-tu su ? me demanda Obsédianne.
Je leur fit part de ma réflexion.
- Excellent ! me félicita Rükhaas. Mais nous ne pouvons pas prendre le risque de nous balader avec ce pendentif que tout le monde peut voir.
Il avait raison. Je le tenais toujours, surveillant constamment le vif-argent. Ce métal est peu visqueux et s’accroche difficilement, il a tendance à goutter. Je ne pouvais pas rester éternellement comme cela.
- Il faut créer une sphère avec du vif-argent, dit Zû. Enfermé le pendentif à l’intérieur et sceller le tout avec du mana.
C’était une idée excellente. Mais je ne savais pas le faire. Le désespoir me gagnait quand je vis Zû dessiner un pentacle. Il se mit au milieu et joignit ses mains. Une flaque de métal liquide s’éleva dans les airs. Je posai le pendentif dessus. Avant qu’il ne coule, Zû solidifia le vif-argent et forma une sphère parfaite. Rükhaas la récupéra.
- Beau travail, dit-il.

Holda se réveilla à ce moment. Rükhaas planqua la sphère dans son sac.
- Que s’est-il passé ? demanda la démone en se frottant la tête.
- Tu es tombée, mentit Obsédianne. Sûrement à cause de la déshydratation.
Holda s’humecta les lèvres avec sa langue. Elle prit sa gourde et la vida d’un trait.
- Je me sens mieux, dit-elle.
Zû ne dit rien mais des gouttes de sueurs perlaient sur son front. Ce ne pouvait pas être la chaleur, il faisait bien frais dans la caverne, ni son sort, il avait utilisé peu de mana. Je me tournai vers Rükhaas. Ses yeux étaient rouges. Il avait dû faire peur à Zû.
- Bon, dit Holda. On se remet en route ?
Nous acquiesçâmes. Dehors, le soleil se couchait. Il faisait plus chaud que dans la caverne mais moins que tout à l’heure.
- Nous ne trouverons pas de crache-sang, dit Holda.
- Rentrons, proposa Zû.
- Espérons que les autres ont eu plus de chances, conclut Obsédianne.

Nous pouvions suivre le lien de mana la nuit. Nous ne risquions pas de nous perdre. Cependant, Holda exigea que nous nous attachions. Nous obéîmes et nous mîmes en route.