La mission du directeur

Recenser tous les évènements qui s’étaient produits durant la Nuit de Mana fut plus long que prévu. Tout d’abord, parce qu’il nous fallait agir discrètement pour que notre identité ne soit pas découverte. Ensuite, parce que les élèves et professeurs étaient peu coopératifs.

Nous étions dans notre repaire.
- Je me suis créée un boomerang, dit Obsédianne avec fierté. Mais j’ignore comment j’ai fait et je ne me rappelle plus tous ses pouvoirs.
Elle le lança, il fit le tour de la pièce et revint dans sa main. C’était sans conteste un des pouvoirs de l’arme. Il revenait toujours à son lanceur. De plus, il suffisait à Obsédianne de vouloir viser quelque chose pour que le boomerang l’atteigne. Il n’y avait pas besoin de le lancer avec force non plus. L’arme voyageait à sa propre vitesse.
- J’ai ensorcelé un bâton, dis-je. Je l’ai appelé Penbama.
- Penbama ? fit Rükhaas.
- Oui. Ça lui va bien.
- Et quelles sont ses caractéristiques.
- Il peut absorber une quantité infinie de mana qui reste à ma disposition. Il peut aussi mémoriser tous les pentacles et je peux évidemment les utiliser. Le Penbama les fait apparaitre.
Rükhaas notait tout. Nous avions recensé toutes les armes, toutes les armures et tout objet magique créé cette nuit. Notre dossier faisait plus de cent pages.
- Et toi ? demanda Obsédianne.
- J’ai créé des Mitaines. Elles me protègent de la chaleur et du froid. Elles peuvent dévier le mana.
Il écrivait en même temps qu’il parlait. Ses mains étaient couvertes par des mitaines, je ne l’avais pas encore remarqué.
- C’est tout ? demanda Obsédianne.
- C’est tout, dit Rükhaas.
Je savais que c’était faux. Quand je regardais ces mitaines, ma bague se resserrait sur mon index, m’avertissant.
- Nous avons fini notre mission, dit Rükhaas. Il ne reste plus qu’à poser nos conditions au directeur.
Il était temps de terminer. Nous étions le 50 Mana, soit le dernier jour pour remplir la mission. Nous avions tenu les délais. Une copie de ce document serait envoyé à la Caisse des Guildes pour actualiser le ROM. Dans notre liste, il y avait quelques objets dangereux et deux maudits. Mais c’était à la Caisse de classer les objets.

Voici comment sont classés les objets magique dans le ROM.
Tout d’abord, ils sont divisés en quatre catégories. La première, les Objets, abrégé O.
Ce sont tous les objets magiques n’entrant dans aucune autre catégorie. Ils sont classés selon leur pouvoir en trois catégorie. Généralement, ce sont des objets faible, comme le Gant de Porte, qui donne le pouvoir d’ouvrir n’importe quel porte.
La deuxième recense les Objets Bénéfiques, abrégé OB.
Tous les objets de soins sont classés ici, à quelques exceptions. Il existe douze catégorie. La première concerne les objets soignant des coupure mineure, des écorchures et autres bobos similaires. La douzième contient moins de dix objets. Ceux-ci soignent tous types de blessures, certains rajeunissent et on prétend qu’au moins deux ont le pouvoir de résurrection.
La troisième concerne les Objets Maudits, abrégé OM.
Tous les objets nuisibles pour l’utilisateur répartis en huit catégories. La première concerne les objets peu dangereux. Ceux des catégorie six, sept et huit peuvent conduire à la mort.
La quatrième concerne les Objets Divins, abrégé OD.
Tous les objets créés par les dieux. Il n’y a pas de catégorie, les objets sont classés par leur créateur.
Toutes les catégories sont liées. Par exemple, la Couronne d’Autonmy est classé OB Catégorie 10 mais aussi OM Catégorie 4 et OD Ébony.

La Caisse déterminait dans quelles catégories ranger un objet. Dans l’attente, ils étaient dans la première.
Rükhaas posa le dossier dans la BM.
- Attends, dit Obsédianne. Nous n’avons pas parler du monstre.
Je vis mon ami tressaillir. Il dut faire un effort pour ne rien laisser paraitre.
- Nous n’avons rien eu sur lui. Il est venu comme il est parti. Nous avons le témoignage de tous les magiciens présents. Nous ne pouvons rien faire de plus.
- Je sais bien, dit Obsédianne, mais le directeur ne se contentera pas de ça.
Elle avait une idée derrière la tête.
- J’ai trouvé un article de presse qui fait état d’un monstre terrorisant Lodmahr. Nous pourrions dire que c’est le monstre de l’orphelinat.
Lodmahr était un petit village de pêcheur situé sur l’autre versant du mont Horx, au sud. Il était établi tout près de la source du fleuve Angaaja.
- C’est une excellente idée, la félicita Rükhaas.
Il s’empressa de serrer la démone dans ses bras. Il prit l’article de presse et la joignit au dossier.

Une heure avant le levé du soleil, et donc la nouvelle année, chez nous les jours commencent à l’aube, Rükhaas me réveilla.
- Il faut qu’on parle.
Je me redressai dans mon lit.
- Je ne voulais pas le faire devant Obsédianne.
- Elle a eu une excellente idée avec la coupure de presse.
- Oui, reconnut Rükhaas.
Son regard était fuyant, ce qu’il ne lui ressemblait pas.
- Je veux être payé pour cette mission. Les Démons d’Ébony ne travaillent pas gratuitement. Et le directeur doit l’apprendre.
Je comprenais mais je ne voyais pas où il voulait en venir.
- J’ai prévenu le directeur que ce dossier irait aussi à la Caisse des Guildes. Je lui ai bien fait comprendre que certains objets étaient dangereux et que nous en possédions aussi. Il doit nous craindre pour nous respecter.
- Mais comment comptes-tu te faire payer ? demandai-je
- En lui faisant peur, répondit Rükhaas.
Ses yeux brillaient de la même lueur rouge que pendant sa transformation.
- Il sait que je suis le monstre, reprit-il.