La nouvelle année

Rükhaas n’était pas bête. Il n’avait pas donné son nom. Le directeur savait juste que le monstre faisait parti des Démons d’Ébony.
Chez les démons, nous changeons de date au levé du soleil. C’est pour cette raison que tout le monde était déjà debout. Pour saluer l’année 1772 qui allait commencer dans quelques minutes. Nous étions dehors, à regarder en direction de l’est, vers la forêt des fées. La pâle lumière d’Oronos, qui était toujours pleine, se reflétait au sommet des arbres sur les ailes des fées, ce qui donnait une lueur spectrale à la forêt.
- Il arrive, cria quelqu’un.
En effet, une lueur rouge apparaissait derrière les arbres. Des feux d’artifices décollèrent un peu partout. C’était la tradition. Je levai ma main vers le ciel et projetai mon mana. Tous les magiciens firent de même. La nuit s’éclaira d’une multitude de couleur jusqu’à l’apparition complète du soleil.
Le directeur apparut à ce moment.
- Bonne année à tous ! clama-t-il.
Nous lui répondîmes en chœur.

Nous avions la mâtinée de libre pour la nouvelle année. Je retrouvai donc mes compagnons de guilde dans l’endroit habituel.
- Bonne année ! dis-je en entrant.
- Bonne année ! me lança Obsédianne en se jetant à mon cou.
Elle me fit deux gros bisous sonores, un sur chaque joue.
Rükhaas me serra dans ses bras.
- Bonne année mon frère.
Je lui souris. J’avais vraiment deux bons amis.
- Et voici la première bonne nouvelle de cette année 1772 !
Rükhaas tenait une lettre dans une main et une pièce d’or dans l’autre.
- Monsieur Olex Zorti nous a payé, expliqua-t-il.
- C’est génial ! s’exclama Obsédianne.
Il n’y avait aucune autre nouvelle pour la guilde. Nous restâmes ensemble jusqu’au déjeuner. Nous en avions profité pour nous entrainer avec nos armes. J’avais fait apprendre plusieurs pentacles à mon bâton, j’avais emprunté les Pentacles, volume 2 à la bibliothèque. C’est un livre autorisé.

Pour le premier cours de l’année, nous devions tous nous retrouver dehors, devant les portes de l’orphelinat. Une estrade avait été installée et le directeur se tenait dessus.
- Encore une fois, je vous souhaite à tous une nouvelle année, commença-t-il.
Certains lui répondirent.
- Pour ce premier cours, nous allons commencer par un immense exercice de survie. Je laisse le professeur Thiober vous expliquer les détails.
Le professeur s’avança et s’éclaircit la voix.
- Tout d’abord une bonne année à tous.
Nous lui répondirent en chœur, comme nous avions fait ce matin.
- Vous allez faire un exercice de survie de grandeur nature, commença-t-il. Vous allez explorer les alentours de l’orphelinat pour trouver un objet que Dafomino est allé caché. Il vous fournira une explication.
Des murmures s’élevèrent un peu partout. Le professeur Thiober attendit le retour du calme pour continuer.
- Nous avons constitué des groupes. En aucun cas vous ne devez vous séparer. Sinon, la mission est annulé et tout le groupe aura un zéro et une punition.
Ceci refroidit tout le monde. Les plus dissipés se calmèrent aussitôt.
- Les groupes vont être constitués ainsi. Quatre démons parmi les grands, trois moyens et trois petits. Quand vous entendrez votre nom, présentez vous devant Dafomino. Il vous expliquera ce que vous devrez chercher.
Le professeur commença à nommer des démons.
- J’espère que nous serons ensemble, me dit Obsédianne.
- Je l’espère aussi, répondis-je.
- Il faut que nous soyons ensemble, dit Rükhaas.
À son regard, nous devinions qu’il comptait sur cet exercice pour rechercher le Pendentif Oméga. C’était l’occasion rêvée. De plus, nous savions qu’il se situait quelque part dans le désert de l’agonie, celui-là même qui était à l’ouest de l’orphelinat.
- J’appelle Zû, Occir, Holda, Sopale, Griffène, Toripure, Rükhaas, Ilrif, Obsédianne et Asgaroth.
Nous montâmes sur l’estrade. Les Démons d’Ébony étaient réunis. J’étais avec mes compagnons de guilde, nous ne nous séparerions pas. Je regardai les autres démons avec qui nous faisions équipe.
Tout d’abord Zû. Il avait tout juste quatorze ans. Il n’était pas très grand, ses trois cornes poussaient toutes droites sur sa tête et je sentais son mana. Il était magicien, ou il allait le devenir.
Occir était très grand. Il devait mesurer plus de deux mètres. En plus, il avait les épaules larges. Ses cornes s’incurvaient vers le bas de part et d’autre de sa tête. Il avait dix-neuf ans.
Holda était une démone de dix-sept ans. Elle arborait un regard sévère en permanence. Sa corne, épaisse et d’un noir d’encre, s’élevait toute droite.
Sopale, démone de quinze ans. Elle savait utiliser n’importe quel type d’arme. Elle était l’actuelle détentrice du Trophée A, un concours de maniement d’armes. De plus, elle était féminine. Elle faisait tout avec une grâce que beaucoup lui enviait. Ses cornes étaient torsadées.
Griffène, démone de douze ans. Elle se destinait à des études biologiques. C’était une experte des créatures vivantes. Ses cornes entamaient une boucle, lui donnant un air enjoué.
Enfin Toripure était un démon de onze ans. C’était un élève moyen dans tous les domaines. Ses cornes poussaient vers l’arrière.
Les quatre derniers, vous les connaissez déjà.

- Voilà votre mission, nous dit Dafomino en nous tendant un rouleau de parchemin.
Ce fut Occir qui le déroula. C’était le plus vieux du groupe et il avait naturellement pris la place de chef. Nous devions trouver une espèce animale que je n’avais jamais vu. Le dessin ne m’aidait pas beaucoup.
- C’est un Crache-Sang, dit Griffène.
- Exact, répondit Dafomino. Maintenant je vous conseille de commencer à chercher.
Nous descendîmes de l’estrade. Le crache-sang ressemblait à un gros crapaud. Il avait deux gros yeux globuleux et sa peau était vert foncé.
- Qu’est-ce qu’un crache-sang ? demanda Occir.
- Est-ce dangereux ? voulut savoir Sopale.
- Comment le reconnaitre ? questionna Ilrif.
- Pas tous en même temps ! cria Griffène.
Quand tout le monde l’écouta elle reprit.
- Le crache-sang est une sorte de crapaud. Il est gros comme ma main et il vit dans les endroits chauds et sec. Il déteste l’eau. C’est aussi un animal vénéneux mais pas mortel. Il vit du sang de ses proies. Il peut transmettre des maladies, il faudra donc être prudent.
Elle avait donné les informations en vrac et je ne retins pas tout.
- Bon, dit Occir. En route pour le désert.