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Asgaroth, ma vie, mon œuvre
8 octobre 2012

Cleffe : déesse de la haine

J’étais rentré depuis trois jours à l’orphelinat. Après notre entrevue avec La Mort dans l’ectochâteau, nous avions rejoint le groupe et ne nous étions plus dispersés. Le Manuscrit restait très présent dans mon esprit. J’avais entrepris des recherches dessus. Selon la majorité des historiens, ce texte contenait une liste de sortilèges. Tous étaient bénéfiques pour leur propriétaire. Malheureusement, ils étaient néfastes pour ses proches. Seul quelqu’un sans attache pouvait les utiliser mais même dans ce cas la contrepartie était trop élevé.
Voilà les seules informations que j’ai pu trouver. Il n’est dit nulle part où se trouve le Manuscrit ni qu’il contient les dernières volontés de la déesse.

Aujourd’hui, j’avais un cours d’histoire. Notre professeur, Esthet Ygar, était un spécialiste de l’histoire. Sa passion pour la mythologie lui avait valu la censure de plusieurs de ses théories. Physiquement, il possédait cinq cornes, quatre grandes qui formaient un carré sur sa tête et une petite qui poussait au milieu. Il concentrait assez souvent une boule de mana à cet endroit. Ce professeur pouvait répondre à mes interrogations. Je levais la main.
- Oui Asgaroth ? fit le professeur.
- Est-ce que Cleffe est toujours vivante ? demandais-je.
Ma question le surpris. Toute classe aussi d’ailleurs. Seule Obsédianne comprenait pourquoi je m’intéressait soudain à la déesse de la haine. Elle sortit plusieurs feuilles et se prépara à noter.
- Le débat pour savoir quels dieux arpentent encore le monde est très controversés, commença Esthet. Pourquoi t’intéresses-tu à Cleffe ?
Je ne sus que répondre. J’ouvris la bouche mais le professeur me devança.
- C’est en rapport avec l’ectochâteau, dit-il.
J’en restai abasourdi.
- Je le savais. Je vais répondre à ta question. Prenez des notes ! N’hésitez à rechercher des détails ou mêmes des controverses sur ce sujet. Car le débat sur Cleffe est très loin d’être refermé.

Le professeur se mit à parler. Il allait vite. J’avais ensorcelé ma plume pour qu’elle écrive toute seule.
« Au commencent du monde, il n’y avait rien. Seulement neuf personnes. Des amis de longues dates. Sept créèrent le monde et devinrent immortels. Ils prirent les noms de Grand, Petit, Sofie, Cleffe, Pluton, Séleste et Ébony. Les deux autres choisirent de devenir mortels. Ce furent les premiers à entrer dans le royaume des Enfers. Les théologiens prétendent qu’ils occupent une place privilégiées. Personnellement je n’y crois pas. »
Un démon leva la main. Le professeur lui fit signe de la baisser.
- Ne m’interrompez pas. Ce sujet est très sensible. Je vous donne ma version. Je ne sais pas si c’est la bonne. J’ai consacré toute ma vie à établir cette théorie et c’est la plus fiable de toutes. Elle répond à la majorité des interrogations et c’est la plus cohérente si on admet que les dieux ont été des gens comme vous et moi.
Il reprit.

« Lumen est né d’un mortel et d’Ébony. Il n’est pas considéré comme un demi-dieu. D’abord ses pouvoirs font de lui un dieu à part entière, ensuite, son père fait partie des Neuf.
Enfin, le rôle de la déesse mana reste très marginal. Elle n’a pas participé. Elle est arrivé plusieurs millénaires après pour abreuver le monde de mana.
Chaque dieu se créa des objets aux pouvoirs exceptionnels. Ils sont répartis à travers le monde. »
Le professeur resta songeur un long moment. Il se tenait le menton, il semblait réfléchir intensément. C’était la première fois que j’entendais cette version de la création du monde. Les autres diffèrent sur de nombreux points. D’abord sur le nombre de dieu. Il en a nommé sept plus deux mortels. Les autres annoncent dix dieux. Ensuite, la déesse mana est l’instigatrice de la création hors, pour lui, elle n’y a pas participé.
Esthet releva la tête.

« Le premier conflit entre les dieux éclata entre le Grand et le Petit. Cela avait commencé dès la création. Le Grand créa les arbres, le Petit créa l’herbe, et ainsi de suite. Les autres dieux prenaient cela avec rigolade. Pourtant, le Petit attenta à la vie de son ami. Il fut le premier à créer une arme magique. Un fléau. Le Grand répliqua en se fabriquant une énorme faux. Ils se battirent pendant des siècles. Ils finirent par s’entretuer. Pluton récupéra la faux. Le fléau n’a toujours pas été retrouvé.
Ce sont les deux dieux dont la mort est admise. Ceux dont nous sommes sur de leur existence sont Pluton, Séleste, Lumen, Ébony et Aléera. Pour les deux dernières le sujet est plus délicat. Par exemple, tout le monde sait que les déesses de l’amour et de la haine ont eu un enfant. Un garçon. Personne ne sait ce qu’il est devenu. Mais ce n’est pas ce mystère qui nous intéresse. Je vais vous révéler les indices qui prouvent que Sofie et Cleffe ne sont plus de ce monde.
Les Chroniques de Sophie racontent la vie de la déesse. Elle y parle surtout de son désespoir de voir la guerre éclater partout. Ces écrits sont très documentés et libre d’accès si on sait où chercher. Le dernier date du premier mana de l’an cinq cents. Depuis aucune nouvelle alors que si on fait la moyenne des notes, il y a deux jours d’écarts entre chaque paragraphe. Un silence de plus de mille ans est très suspect. De plus, c’est la seule déesse dont l’arme fut détruite.»

Cette révélation me fit sursauter. Les Flèches de Sophie étaient détruites. Comment étions-nous passés à côté de cette information. Puis les Chroniques étaient en libre accès. N’importe qui pouvaient les consulter mais où se trouvaient-elles ?

« Voilà ce qui me fait dire que Sofie n’est plus de ce monde. En ce qui concerne Cleffe, c’est plus subtil. La déesse est toujours adorée dans le monde, en grande partie grâce à son physique. Affirmer qu’elle est morte c’est se mettre tout ce monde sur le dos. Et il y a des archimages dans le lot. Pourtant, la preuve de sa mort existe bel et bien. Dans l’ectochâteau. Dans la bibliothèque plus exactement repose le Manuscrit de Cleffe. Personne ne peut le saisir. C’est un objet du château. Ceux qui ont eu l’occasion d’essayer ont vu le fantôme de La Mort. De son aveu, c’est le dernier ancien dieu encore parmi nous, même si elle ne joue plus aucun rôle. Hormis celui de gardien du Manuscrit. Il contient les dernières volontés de la déesse.»

Esthet s’arrêta là. Les questions commencèrent.
- Écrire ses dernières volonté ne prouvent pas la mort d’une personne, affirma Ilrif.
- Bien sur, répondit le professeur. C’est pour cela qu’il faut toujours recouper ses informations. J’ai eu la chance de consulter tous les écrits des dieux, sauf ceux de la déesse mana. C’est le seul ouvrage qui donnerait une réponse définitive.
- Donc rien ne prouve la mort de Sofie et Cleffe, conclut Ilrif.
- Ne vas pas trop vite. Même si je n’ai pas consulté le Grimoires des Origines, j’ai eu entre les mains huit ouvrages avec des informations sûres. Pour la mort des déesses, je m’appuie sur les Partitions de Vie. Cleffe et Sofie y figurent dans la partie des disparus, ainsi que leur enfant. Je n’ai pas pu lire le Manuscrit qui confirmerait les dires de Séleste mais j’ai pu consulter les Parchemins de Lune. Je vous déconseille cette lecture. Ébony dit des choses affreuses. Elle dit aussi, je la cite : « Des neufs de départs, sept sont devenus dieux. Mon fils a suivi cette voie. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que quatre, moi, mon fils, et le pseudo-couple Séleste Pluton. Depuis le temps qu’ils se tournent autour ils n’ont toujours pas concrétisé. Il reste aussi Aléera. Mon plus gros problème. »

Un silence pesant s’installa dans la salle de cours. Je pensais que le panthéon était un lieu où les dieux géraient le monde en harmonie. Il n’en était rien. Que certains se battent je l’admettais. Qu’ils aillent jusqu’à se tuer étaient difficilement croyable mais dans le cas du Grand et du Petit les faits étaient là. Ces deux dieux avaient disparu.
Les écrits d’Ébony étaient terrifiants. Je ne sais pas ce qu’il se tramait mais c’était quelque chose de grave. Le conflit entre Lumen et sa mère animait le panthéon, mais cela n’avait rien à voir avec la mythologie telle qu’elle est racontée. Il me fallait étudier plus attentivement le Journal du Jour. De plus, toute cette histoire avait un rapport avec l’antimana. J’ignore toujours lequel.

- Ai-je répondu à ta question Asgaroth ? me demanda Esthet.
J’affirmai d’un hochement de tête. En note, j’avais noté Journal du Jour et je l’avais souligné trois fois.
- Le cours est terminé. Retenez bien ce que je vous ai dit ou oubliez-le. Cela n’a pas d’importance. Soyez juste très prudent si vous parlez de Cleffe.
Je sortis de la classe. Obsédianne vint me rejoindre. Sans nous parler, d’un simple regard, nous nous dirigeâmes vers l’annexe.

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