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Asgaroth, ma vie, mon œuvre
6 avril 2012

L'excursion de Zû

Zû était parti pendant une décade hors des murs de l’orphelinat. Son voyage l’avait amené dans le petit village de Dripon, habité exclusivement par des démons. Les habitants vivaient des produits de la terre et du commerce d’herbes nécessaires à la confection des potions. On trouvait de tout. De l’origan, du basilic, de la ciboulette, de la salsepareille, de la passiflore, de la mandragore, des feuilles de koka, et pleins d’autres encore. Zû avait ramené quelques échantillons. C’était sa mission pour l’orphelinat.

Sa mission pour la guilde était de trouver un Sceptre de Puissance. C’était un objet bon marché assez facile à trouver ou à acheter, on en trouvait à tous les prix.
Mais celui que Zû devait ramener possédait une particularité. Un défaut dans sa fabrication en avait fait un formidable catalyseur de mana. Ce sceptre était classé Objet Bénéfique catégorie 5 (OB5). Il était en possession du guérisseur du village. Ce dernier était mort depuis peu. C’était une mission facile qui allait nous rapporter dix pièces d’or.
Si Zû avait tardé à revenir, c’est parce qu’il avait trouvé des renseignements sur notre mission.

Quand il était arrivé à Dripon, le village se remettait du nouvel an. Les gens nettoyaient la rue, soignaient les herbes et ramassaient celles qu’il fallait ramasser. Zû trouva rapidement la sépulture du guérisseur. Son corps avait été brûlé selon la tradition, ses cendres retournaient à la terre. Zû adressa une prière à Pluton pour l’âme du défunt. Le sceptre de puissance était planté dans la terre, à l’endroit du bûcher. Il était intact. Quand Zû le toucha, il sentit l’épaisse couche de mana qui l’enveloppait. Il emballa le sceptre dans un grand sac en toile et il s’occupa de sa mission pour l’orphelinat. Le directeur lui avait confié trois cents pièces d’argent, avec obligation de rendre la monnaie.
Zû avait fait ses achats. Comme la nuit tombait, il avait pris une chambre dans la seule auberge avec l’intention de partir le lendemain dès l’aube. Dans la salle commune, Zû dinait, il avait commandé la spécialité locale, une viande quelconque rendue succulente grâce aux herbes, quand un démon fit irruption. Le silence se fit. La salle était à moitié pleine et l’inconnu dégageait une telle aura qu’il remplissait l’autre moitié à lui seul. Il se dirigea en titubant vers le bar et commanda de l’absinthe. Pendant le rituel, l’inconnu observa la salle. Il était habillé d’un long manteau effilé. Il portait d’épaisses bottes recouvertes de poussière. Ses cuissardes faisaient de lui un mercenaire. Il en avait tout l’attirail. Le plastron, souple pour ne pas gêner ses mouvements, portait un blason que Zû ne connaissait pas. C’était peut-être un faux. Il existait de nombreuses personnes qui se faisaient passer pour des mercenaires. Ils ne vivaient pas longtemps. Il avait deux cornes assymétriques de la couleur du ciel. Une partait droite juste derrière son oreille, l’autre se tortillait en descendant devant son œil droit. Cette corne avait été cassée.
L’inconnu se retourna pour saisir son verre. La lueur de deux dagues brillèrent brièvement. Il le but lentement, trop lentement. Tout le monde jetait des regards furtifs vers la porte, s’attendant à voir entrer quelqu’un. Personne ne vint. Le temps passa et la salle commune se vida. Les clients étaient soit partis chez eux, soit dans leur chambre à l’étage.
La soirée se terminait. Il ne restait que Zû et l’inconnu. Ce dernier fixa le jeune démon, Zû détourna le regard au bout de quelques secondes. Prenant son courage à deux mains, il s’approcha du mercenaire. Il ne fit pas un geste mais son regard indiquait qu’il était prêt à dégainer.
- Restes où tu es, ordonna-t-il.
Zû obéit.
- Je voudrais vous poser quelques questions, dit Zû sans oser le regarder.
- Je ne te dirai rien, répondit-il.
Il saisit son verre et le vida d’un trait. Il déposa quelques pièces sur le bar et se leva pour partir.
- S’il vous plait, insista Zû. Vous êtes sûrement la seule personne susceptible de m’aider.
Le mercenaire s’arrêta devant la porte. Sa curiosité était éveillée.
- Soit, dit-il. Combien ?
Il exigeait un paiement ! Zû ne connaissait rien des mercenaires, il n’avait aucune idée de leur tarif.
- Une pièce d’or, tenta-t-il.
Le mercenaire sortit sans un regard. Zû se précipita à sa suite.
- Dix pièces d’or, cria-t-il. Cent ! Deux cents ! Trois cents !

- Trois cents pièces d’or ! tonna Rükhaas.
Il fulminait. C’était une somme énorme qui représentait presque la totalité de la fortune de la guilde.
- Attends la suite, dit Zû. Je t’assure que ce renseignement valait bien ses trois cents pièces d’or.
Zû reprit son récit.

Le mercenaire s’était arrêté. Zû ne le voyait pas mais il sentait son regard posé sur lui.
- Es-tu prêt à dépenser trois cents pièces d’or ? demanda le mercenaire.
Zû ne put que hocher la tête. Le mercenaire s’approcha.
- Fais voir la couleur, exigea-t-il.
- Je n’ai pas cette somme sur moi, dit Zû.
Le mercenaire fit mine de partir.
- J’appartiens à une guilde. Je peux vous faire un bon.
- Donne !
- Non. Quand j’aurai eu mon information.
- Retrouve-moi demain à l’orée de la plaine des condamnés.
Le mercenaire partit et Zû recommença à respirer normalement. Cet homme pouvait l’aider, il le sentait. Il alla se coucher.

La plaine des condamnés était un vaste territoire de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Son centre était occupé par Condate, la capitale de l’Empire Tétra. L’orphelinat appartenait à cet empire. La plaine des condamnés devait son nom à une bataille qui eut lieu ici. Des millions d’hommes, fées, démons, elfes, nains, gobelins, trolls, dryades, et bien d’autres espèces s’affrontèrent au cours d’une guerre d’anthologies. Selon les historiens, les tensions existantes entre les espèces avaient atteint leur point de rupture et tout le monde s’était jeté dans la bataille. On estime le nombre de morts entre cinq cents millions et cinq milliards. Les fées furent pratiquement éradiquées, ainsi que les gobelins. Toutes les espèces avaient subi d’importantes pertes et le monde mit plusieurs siècles pour s’en relever.
La plaine des condamnés étaient encore parsemée des restes de cette bataille mythique. Par endroits, il n’y avait plus aucune trace de végétation. Des sorciers avaient maudit la terre pour nuire à leurs ennemis. La carcasse d’un énorme monstre gisait dans la plaine. Cette créature mesurait au moins cinquante mètres de long et dix de haut. Son énorme tête reposait sur un rocher. S’il n’était pas mort, on aurait pu croire qu’il dormait. Zû se demandait à quoi pouvait bien ressembler cet animal de son vivant et s’il avait participé à la bataille. Une silhouette noire attendait près du cou. Zû reconnut le mercenaire.

Le jeune démon tendit un bon pour cent pièces d’or au mercenaire pour l'inciter à parler. Celui-ci le fit disparaitre dans son manteau.
- Je recherche un instrument, dit Zû.
Il montra le dessin de la flute.
- En quoi puis-je t’aider ? demanda le mercenaire.
- Reconnaissez-vous cette flute ?
Le mercenaire secoua la tête.
- Elle est brisée en plusieurs morceaux. Avez-vous entendu parler d’une flute cassée ?
- Tu devrais consulter le ROM pour t’aider, dit le mercenaire.
- Nous l’avons déjà fait et nous avons trouvé trois flutes correspondant à ce dessin. Nous en avons rapidement éliminé une.
Zû s’arrêta attendant une réaction de son interlocuteur. Son visage resta inexpressif.
- Les autres... continua Zû. Une n’existe pas et l’autre il ne faut pas en parler.
Le mercenaire réfléchit. Puis il voulut revoir le dessin.
- Je ne vois toujours pas de quelle flute tu parles, dit-il finalement.
- Fûlata, lâcha Zû.
- Oui je connais, dit le mercenaire.
Zû le laissa continuer. Il espérait que son visage ne faisait rien transparaitre de ces émotions. Seulement le mercenaire ne disait plus rien. Ce silence devenait oppressant. Il savait quelque chose mais il ne voulait pas le dire.
- Savez-vous où elle se trouve ? demanda Zû.
Le mercenaire hocha la tête.
- Pouvez-vous me le dire ?
Il fit non de la tête. Il tendit la main. Il exigeait son paiement. Zû lui donna deux autres bonds de cent pièces d'or à contrecœur et remonta sur son cheval. Il allait partir quand le mercenaire retint l’animal par la bride.
- La flute que tu cherches n’est pas Fûlata, dit-il tout bas comme si quelqu’un les espionnait. Elle nous appartient.
D’un regard entendu, il s’assura du silence du jeune démon. Cette information devait rester secrète. Zû avait décidé de la partager avec les membres de sa guilde.
- Il ne te reste qu’une seule possibilité, continua le mercenaire. Un conseil, abandonne.
Puis il partit laissant Zû seul dans ce lieu maudit.

- J’ai voyagé rapidement jusqu’à la capitale pour corroborer cette information, dit Zû. J’eus de la chance.
- Comment as-tu fais ? demanda Obsédianne.
- En recoupant les informations, répondit Zû. Et Fa’ est d’accord avec moi.
- Exact, dit la fée.
Nous sursautâmes. Nous entendions rarement sa voix.
- Nous recherchons donc l’objet le plus maléfique de tous les temps, soupirai-je.
- Que faisons-nous ? demanda Zû.
C’était à Rükhaas de prendre cette décision. Nous connaissions les risques d’une telle recherche.
- Si je peux intervenir, dit Fa’læta, je pense que nous devons continuer. Celui qui a commandé cette mission veut son instrument et il l’obtiendra avec ou sans notre aide.
- Que proposes-tu ? demanda Zû.
- Nous cherchons cette flute pour la détruire.
- C’est un objet divin, contra Obsédianne. On ne peut pas détruire les créations des dieux.
- Erreur, réfuta la fée. Le Grimoire des Origines contient la solution.
- Comment le sais-tu ? demandai-je.
- Il contient une réponse à tout. Tout le monde le sait.
- Donc en plus de la flute nous recherchons le livre le plus convoité de la planète, conclut Rükhaas.

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